L’oeuvre pour piano de Frank Bridge s’étale de 1905 à 1928 dans une diversité qui reflète l’évolution du style du compositeur. Sans retenir des cycles entiers, je me suis intéressé, pour le trio flûte, alto et harpe, à la transcription de pièces qui évoquent toutes une figure féminine. Ces portraits de Franck Bridge rendent hommage à des femmes de caractère.
Certaines, même, ne manquent pas de piquant. Nicolette (1925), la seconde pièce des “Vignettes de Marseille “, suggère précisément une de ces héroïnes au caractère affirmé. Elle est écrite dans un langage sensiblement plus moderne que les autres pièces que j’ai transcrites pour le même trio. Bridge y enchaîne les quartes parallèles sur un rythme de Rigaudon et a recours à des distorsions polytonales pour rehausser le coloris. Pendant un séjour de vacances à Marseille il a croqué quelques personnages à la verve inépuisable comme on n’en rencontre que dans la cité phocéenne.
On pourrait parodier Debussy et Villon en affirmant : « Il n’est bon bec… que de Marseille ! » Afin de parvenir à trouver une écriture spécifiquement adaptée à la harpe, j’ai été conseillé par Véronique Chenuet, harpiste du Trio Mélusine et dédicataire de cette transcription. Le Trio Mélusine a enregistré quatre pièces de Bridge, dont Nicolette, aux côtés d’oeuvres de De Falla, Mel Bonis, Zemlinsky et Nazareth, dans un CD consacré à mes transcriptions. Toutes les partitions sont disponibles chez le même éditeur.
Gérard Chenuet