Ernesto Nazareth, avant Villa-Lobos, est un compositeur très important pour la musique brésilienne. Excellent pianiste, il avait un talent remarquable pour improviser pendant les projections de cinéma comme on le faisait à l’époque du cinéma muet. Son oeuvre, avant tout pianistique, comporte de nombreuses danses issues de la pratique européenne, des valses et des polkas, mais aussi bon nombre de tangos brasileiros.
Dans ces dernières danses, on assiste à l’apparition de rythmes, venus du batucada brésilien, dans un langage musical hérité de la tradition romantique (Chopin, Mendelssohn…) Turbilhao de bejos est une valse expressive ou enlevée selon les passages. Le premier thème chromatique harmonisé par l’accord de septième et quinte diminuée plonge immédiatement l’auditeur dans le sujet. Sur le plan de la transcription pour flûte, alto et harpe, j’ai pu répartir les thèmes entre les trois instruments.
Certes, la situation de départ présente la disposition la plus fréquente : thème à la flûte, harmonisation à la harpe et lignes secondaires à l’alto. Mais la partie centrale (le Trio) permet une redistribution des rôles et la harpe passe au premier plan dans l’exposé du nouveau thème. Le saxophone alto, à la place du violon alto, convient très bien pour jouer cette pièce. Turbilhao de bejos, dans cette version flûte, alto et harpe, est dédié à Véronique Chenuet qui en a assuré la révision harpistique. Le Trio Mélusine, composé de Véronique Chenuet (harpe), Laetitia Allinei (flûte) et Abraham Quivooj (alto), a créé cette pièce au Rio Harp Festival en mai 2016.
Gérard Chenuet
