Le Moustique op. 66, pièce très courte et saisissante qui fait ressortir à la fois le cheminement aléatoire du vol du moustique, son insupportable bourdonnement et sa sournoise piqûre. Le Moustique de Mel Bonis se situe en bonne place entre Le vol du bourdon de Rimsky- Korsakov et La mouche de Bartok.
La flûte, instrument fluide, joue les tourbillons de doublecroches tandis que l’alto surenchérit avec un je-ne-sais-quoi d’agaçant parfaitement évocateur de l’animal. Certes les deux thèmes, l’un mené par la flûte, l’autre par l’alto, ne manquent pas de piquant. Leur développement est inventif, soit tendu comme les nerfs de la victime, soit adouci par l’harmonie enveloppante de la harpe.
Avant la réexposition, un passage se révèle étonnamment moderne par la disposition chromatique des sons et la fin, après un dernier « bzzz » de l’alto, est admirable de justesse de ton. Afin de parvenir à trouver une écriture spécifiquement adaptée à la harpe, j’ai été conseillé par Véronique Chenuet, harpiste du Trio Mélusine et dédicataire de cette transcription. Le Trio Mélusine a enregistré cinq pièces de Mel Bonis, aux côtés d’oeuvres de Bridge, De Falla, Zemlinsky et Nazareth, dans un CD consacré à mes transcriptions. Toutes les partitions sont disponibles chez le même éditeur.
Gérard Chenuet
